Spata de cavalerie découverte au cours du dévasage par Marc
Couvrat autour de l'épave Arles-Rhône 7. Il s'agit d'une très rare épée de cavalerie romaine, du IIIème siècle de notre ère. Elle
rappelle que ce quartier, entièrement détruit à la même époque, garde ainsi la
trace possible de combats lors des invasions germaniques....
L'épée dont ne peut voir que les extrémités, la lame est dissimulée par les concrétions © 2ASM, DR |
L’épée découverte aujourd'hui correspond visiblement à une épée de cavalerie. Découverte
enfouie dans le sédiment au milieu des gravats du IIIème siècle de notre ère,
dans ce qui est vraisemblablement une couche de destruction remblayée et
déversée dans le fleuve. L’objet se situait à proximité immédiate de l’épave Arles-Rhône 7. La lame est complète,
bien que corrodée en de nombreux endroits. Il manque le pommeau, la poignée et
la garde. Cette spatha de cavalerie
est une arme dont la lame, pour des raisons inhérentes au combat à cheval, est
toujours un peu plus longue et un peu plus fine que celle du glaive classique.
Alors que le glaive d’infanterie est une arme d’estoc, idéale pour le corps à
corps, l’épée du
cavalier est plus longue. De fait, il était impossible pour un combattant à
cheval de toucher ses ennemis avec une arme de 60 cm. Celui-ci, contrairement
aux légionnaires, l’utilise principalement pour frapper de taille. Mais comme
pour les fantassins, cette épée se porte à droite, suspendue à la ceinture ou à
un baudrier. Des vestiges de cuir emprisonnés dans la concrétion ferro-calcaire
qui englobe une partie de la lame pourrait appartenir au fourreau. Le modèle
récemment découvert dans le Rhône est d’un type utilisé dès le début de
l'Empire. Toutefois, au contact des Barbares qui se servaient d’épées longues,
les Romains vont progressivement, à leur tour, allonger la lame de leur glaive
et adopter pour l’infanterie l’arme des cavaliers, pour aboutir au IIIème et au
IVème siècle à la spatha du fantassin,
vraisemblablement l’ancêtre de l’épée médiévale. L’étude approfondie de l’objet,
notamment l’analyse métallographique, seront susceptibles de révéler un
traitement particulier des tranchants permettant de distinguer cette épée,
spécialement utilisée pour frapper de taille, des autres glaives. On espère
être en mesure de définir s’il s’agit d’une arme de cavalerie ancienne (Ier
siècle de notre ère) où si cette épée correspond à un modèle plus
largement généralisé dans l’infanterie à partir du IIème ou du IIIème
siècle ? Une épée longue découverte récemment à Saintes dans un contexte
du IIème siècle de notre ère constitue un autre très rare modèle de cette spatha romaine. Jusque-là, seule une
arme de ce type était recensée dans le
Doubs, à Pontoux, conservée au musée de Chalons-sur-Saône. Longue de 840 mm,
elle se présente sous une forme très proche de l’arme de Saintes. L’épée de
Rottweil est, par ailleurs, le seul modèle d’épée de ce type conservé au nord
des Alpes (longueur 1020 mm). Texte, Luc Long
D'après Gallia, 58, 2001, p.261-269 |
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